Episode 57 – Se lancer sur les pas de familles déportées pendant la Shoah, avec “Le bureau d’éclaircissement des destins” de Gaëlle Nohant

Powered by RedCircle

Aujourd’hui, le livre qu’on croque, c’est le Bureau d’éclaircissement des destins, un roman de Gaëlle Nohant.

Irène, une femme française qui vit en Allemagne depuis quelques années, divorcée, a un travail un peu atypique : elle travaille à Archives Arolsen, anciennement l’International Tracing Service, le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. En 2016, l’objectif d’Irène est de trouver les propriétaires ou la famille de victimes de camps de concentration, le tout à partir d’un objet, même le plus insignifiant aux premiers abords. Il s’agit d’un travail dévorant, obsédant, où elle se lance à corps perdu et où elle croise les fantômes de Wita, une jeune polonaise, Lazar qui a changé de nom, et, plus proche d’elle, son amie et collègue décédée, Eva. Un livre historique richement documenté, passionnant, regorgeant d’anecdotes glaçantes et de moments d’humanité, posant la question de « comment ne pas oublier l’horreur ? ». Ce roman parle d’antisémitisme, de nazisme, d’archives et de relations humaines, mais aussi de transmission et de deuil intergénérationnel.

Ce roman, en fait, il foisonne, il parle de tant de choses liées à la guerre et aux génocides sous le régime nazi, il bourdonne d’informations et de vies qui palpitent entre les pages. Je me suis vite attachée à Irène, qui a l’impression d’être responsable de son divorce, et qui cherche de manière obsessionnelle les héritiers et héritières des personnes déportées. Quitte à disparaître sous ce travail de quête et ne pas se demander pourquoi elle est arrivée là. Car après tout, dans ce travail particulier, en lien avec la mémoire, il y a toujours une réponse à une question intime qu’on cherche.

C’est un roman touchant, essentiel, qui montre à quoi servent les archives et surtout celles de cette période : à montrer que ces personnes ont existé, qu’elles ont subi des choses terrifiantes, inimaginables. On découvre ce centre rempli de plus de 30 millions de documents, destinés à rétablir une justice pour les victimes ou leur famille. Les enquêtes d’Irène, entre archives et investigations, se mêlent habilement et le roman est très prenant, les personnages marquants. C’est l’équilibre parfait entre le romanesque et l’historique, sans atténuer ou dénaturer le thème de la Shoah, le roman le met en valeur. Histoires de vies personnelles se mêlent à l’Histoire avec un grand H avec beaucoup de tact et de délicatesse, sans enlever de leurs difficultés et de l’horreur. Même si la Shoah était marquée par le fait de vouloir effacer les individus, supprimer les traces de leur passage sur Terre totalement, ce type de roman montre à quel point les archives et les témoignages sont essentiels pour garder un lien et une mémoire vive de cette période historique.

Ca fait deux fois que je lis un livre sur le thème de la Shoah cette année, et j’ai trouvé que c’était à chaque fois un un très beau roman. Il a fait écho, dans un tout autre style et un ton entièrement différent, avec Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon. Je vous recommande chaudement Le bureau d’éclaircissement des destins si vous voulez découvrir Irène et les vies incroyables et tragiques des personnes qu’elle recherche.

Livre chroniqué : Le bureau d’éclaircissement des destins, Gaêlle Nohant, éditions Grasset, 2023

Conseil lecture : Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon

Musique du générique :

Credits: Not The King – Ice Tea – Royalty Free Vlog Music — Music By Not The King

Musique d’ambiance pour la lecture :

Titre: heklAa – Vik, dispo ici : https://blackhill1.bandcamp.com/album/rivers-shores

Contact :

Instagram @lacroqueusedelivrespodcast

Mail : lacroqueusedelivres@gresille.org

Si vous voulez être invité-e dans le podcast ou me faire un retour, n’hésitez pas !

N’hésitez pas à le partager autour de vous pour le faire découvrir ou à le noter sur votre application de podcast préférée.

Merci pour votre écoute.

A très vite, pour découvrir un nouveau livre à croquer… ou à dévorer !

Episode 43 – Relier des livres et mener l’enquête avec La relieuse du gué d’ Anne Delaflotte Mehdevi

Powered by RedCircle

Aujourd’hui, le livre qu’on croque c’est La relieuse du gué de ANNA DELAFLOTTE MEHDEVI. Merci à Noémie @dame_oiselle.de.papier pour sa recommandation avisée et le prêt du livre !

Marguerite est une jeune relieuse qui officie dans un petit village de Dordogne. Sa vie est paisible, et elle profite d’une matinée calme et pluvieuse pour ranger son atelier. C’est à ce moment qu’un homme entre dans sa boutique avec un livre à faire relier de toute urgence. Sans donner son nom, l’homme dépose le livre et disparaît. C’est inhabituel : normalement, Marguerite ne lit pas les livres déposés par ses clients mais là, sa curiosité est piquée. S’ensuit une enquête pour découvrir « qui est cet homme » et « qu’est-ce que ce livre ? ». La relieuse sera accompagnée par les artisans de sa rue, qui lui donneront chacun un coup de main à leur manière.

J’ai trouvé ce roman calme et reposant. L’ambiance est réussie et j’ai apprécié les détails du travail de relieuse. Les personnages sont marquants, et c’est une galerie bigarrée qui se révèle progressivement au cours du roman. Marguerite est plutôt attachante dans son envie de comprendre et de rassembler les pièces du puzzle. On comprend que relieuse est une reconversion professionnelle après une vie parisienne chargée et je trouve que son envie de se faire sa place dans cette campagne, que tout se passe bien, est bien retranscrite.

Je vous le recommande si vous vous posez des questions sur le travail de relieur et si vous cherchez une enquête calme qui vous emmène dans les recoins de la Dordogne. C’est un bon roman d’été, à l’écriture douce, et il y a un deuxième tome que j’ai hâte de découvrir.

Vous avez lu ce livre ou vous avez envie de le lire ?

***

Livre chroniqué : La relieuse du gué, d’Anne Delaflotte Mehdevi, éditions Acte Sud, 2013

Musique du générique :

Credits: Not The King – Ice Tea – Royalty Free Vlog Music — Music By Not The King

Musique d’ambiance pour la lecture/ Bruitages récoltés sur

https://lasonotheque.org/detail-0229-clavier-d-ordinateur.html

https://lasonotheque.org/detail-0740-pluie-et-orage-2.html

***

Contact :

Instagram @lacroqueusedelivrespodcast

Mail : lacroqueusedelivres@gresille.org

Si vous voulez être invité-e dans le podcast ou me faire un retour, n’hésitez pas !

N’hésitez pas à le partager autour de vous pour le faire découvrir ou à le noter sur votre application de podcast préférée.

Merci pour votre écoute !

A très vite, pour découvrir un nouveau livre à croquer… ou à dévorer !

Episode 29 – Passer une nuit au musée avec Lola Lafon dans “Quand tu écouteras cette chanson”

Powered by RedCircle

Aujourd’hui, le livre qu’on croque c’est Quand tu écouteras cette chanson, un livre de Lola Lafon. C’est un livre qui s’inscrit dans la collection « Ma nuit au musée ” des éditions Stock.

 Lola Lafon décide de passer une nuit au musée Anne Frank, à Amsterdam.

L’autrice tisse des liens entre l’histoire d’Anne Frank et la sienne. Loin d’être un simple témoignage, le Journal est en effet aussi une photographie de l’adolescente irrévérencieuse qu’était Anne Frank (comme le sont les ados !). Lola Lafon parle du Journal comme objet de réflexion sur l’écriture (il était pensé comme telle par son autrice, qui voulait être écrivaine). Elle parle des utilisations, censures et manipulations de ce journal réalisées pour lui donner une portée universelle ( considéré comme trop sombre ou parlant trop de judéité !!! Le comble !!!). Il a donc été modifié ou coupé lors de ses adaptations en film ou au théâtre en enlevant ce côté « trop juif » (ça m’a beaucoup choqué, mais j’arrête là avec les points d’exclamation !).

Ce qui fait la beauté de ce livre c’est donc ces moments historiques avec un grand H qui se mélange avec l’histoire personnelle de Lola Lafon. L’autrice se confie sur sa judéité, son rapport à la Shoah, son histoire familiale et personnelle, jusqu’à livrer la clé du titre, qui met un pont entre Anne Frank et elle-même. C’est un livre qui établit un dialogue entre deux autrices intergénérationnelles.

On m’en avait parlé mais il n’était pas trouvable de suite dans les bibliothèques autour de chez moi. C’est dans une bibliothèque en vacances que j’ai pu l’emprunter, par hasard.

D’ailleurs, merci Papa pour le renouvèlement de carte de bibli qui a permis cette rencontre entre ce livre et moi ;).

Je l’ai commencé dans le métro, sans trop d’attente et avec un peu de curiosité. Je vous le dis de suite : je ne connaissais pas lola lafon et après avoir lu ce livre, je veux découvrir tous les autres livres et romans qu’elle a écrit. Quelle claque ! Ce livre entre autobiographie et biographie est magnifique. C’est sans conteste mon coup de coeur de 2023 pour l’instant, le livre qui me marque le + depuis janvier en tout cas.

Il est bien écrit, les chapitres coulent et se lisent sans peine, l’histoire, ce dialogue entre deux périodes, est prenant, j’ai appris des choses sur Anne Frank (que je n’ai jamais lu et que j’ai envie de lire à présent !), bref : une claque et une bouffée d’air frais tout à la fois ! Lisez le !

Je vous conseille ce roman si vous cherchez un livre prenant et touchant, qui ne pourra pas vous laisser insensible.

***

Livre chroniqué : Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon, Editions Stocks, 2022

***

Musique du générique :

Credits: Not The King – Ice Tea – Royalty Free Vlog Music — Music By Not The King

Musique libre de droit gratuite Valse Ballade Violoncelle

***

 Contact :

Instagram @lacroqueusedelivrespodcast

Mail : lacroqueusedelivres@gresille.org

Si vous voulez être invité-e dans le podcast ou me faire un retour, n’hésitez pas !

N’hésitez pas à le partager autour de vous pour le faire découvrir ou à le noter sur votre application de podcast préférée.

Merci pour votre écoute.

A très vite, pour découvrir un nouveau livre à croquer… ou à dévorer !