Episode 62 – Trouver sa voix avec Billie Pretty a disparu de Sophie Astrabie

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Oups : Il y avait a priori un bruit de fond lorsque j’ai enregistré cet épisode, j’espère que ça ne vous dérange pas trop à l’écoute ! (mon radiateur s’est mis à faire un sifflement, mais vous inquiétez pas, j’avais chaud quand même)

Aujourd’hui, le livre qu’on croque, c’est Billie Pretty a disparu, un roman de Sophie Astrabie.

L’histoire, c’est celle de Billie, 7 ans au début de l’histoire, que l’on voit grandir au fil des chapitres. Il paraît que son prénom vient de la fameuse chanteuse Billie Pretty. Elle vient d’un milieu populaire, elle vit toute seule avec son grand-père qui n’est pas toujours en forme, elle passe des vacances où la même journée se répète, et elle rencontre Max, un garçon qui vient en vacances chez sa tante pour échapper à sa mère qui contrôle chaque aspect de sa vie. Ca commence comme ça, et le problème, c’est que c’est le moment où la légende de son prénom se fissure : Billie Pretty n’est autre que Whitney Houston. Alors, Billie est-elle une fable elle-aussi ? Comment construire son identité quand ce qui semble à l’origine est un mensonge plus ou moins volontaire ? L’histoire, c’est surtout celle de Billie, qui se débat avec sa classe sociale, joue à se donner des défis personnels, sent la distance se creuser avec des personnes, envie les gens, fantasme sur la vie de sa mère qu’elle n’a pas connu, chante, vieillit, se débat avec des dilemmes, fuit, embrasse un garçon, a une meilleure pote, fait des études, part en vacances utilise sa voix, parle et raconte.

J’ai adoré la couverture, et c’est pour ça que j’ai attrapé ce livre à la bibliothèque. Il m’attendait parmi environ 10 autres livres que je voulais lire, et je l’ai ouvert en me disant que je cherchais un roman pas trop long et contemporain. Ce livre, c’était une surprise inattendue que j’ai dévoré en une après-midi. J’ai a-do-ré. Déjà, vous savez que les histoires qui parlent de classes sociales m’intéressent beaucoup, mais là c’est si juste, si beau, ça parle de grandir, de vieillir, d’illusions, de ce qu’on projette, d’identité à construire et vue par les autres, d’amour aussi. C’est vraiment un chouette roman d’apprentissage et une histoire d’amour tendre et compliquée où les chassés-croisés et les fuites sont toujours là. J’ai été surprise que ce soit un livre qui se passe en France mais en fait, j’aurais pu m’en douter vu le nom de l’autrice. C’était une petite pépite que j’ai beaucoup aimé pour conclure mon mois de décembre !

Je vous recommande Billie Pretty a disparu si vous aimez les romans d’amour et d’apprentissage, et les romans qui parlent de classes sociales avec justesse.

Livre chroniqué : Billie Pretty a disparu de Sophie Astrabie, éditions Flammarion, 2023

Musique du générique :

Credits: Not The King – Ice Tea – Royalty Free Vlog Music — Music By Not The King

Musique d’ambiance pour la lecture :

https://lasonotheque.org/detail-2722-rue-d-aubervilliers.html

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Episode 58 – Etre un personnage énigmatique aux multiples facettes avec Astra de Cedar Bowers

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Aujourd’hui, le livre qu’on croque, c’est Astra, un roman de Cedar Bowers.

Ce livre, c’est le portrait d’Astra réalisé en creux tout au long du roman. Chaque personnage qui l’a rencontré la décrit, dans une situation, raconte ses sentiments à son égard, sa façon d’être. On voit Astra, une enfant qui n’était pas désirée par son père, se retrouver seule avec lui dans une communauté perdue dans les montagnes canadiennes, loin de tout. Elle est libre, sauvage, elle semble magique, elle fait presque peur, elle est magnétique, fragile, aimante, séductrice, manipulatrice, vulnérable, frustrante … insaisissable. On est attiré-e, on veut la protéger, la contrôler, la changer ou lui échapper. Toutes les personnes qui parlent d’elle l’ont croisé et semblent la connaître tout en dévoilant toujours une nouvelle facette de cette femme qui grandit et évolue au fil du roman, de sa naissance à sa vieillesse.

C’est un roman choral original, où le personnage principal est finalement celui qui n’a pas la parole. J’ai beaucoup aimé la manière de construire ce roman : il se déploie progressivement une étoile au centre de laquelle se trouve Astra, impossible à cerner, complexe. C’est un roman qui pose la question de la parentalité, de l’identité, de l’altérité – peut-on vraiment connaître quelqu’un ?- . Mais ça parle aussi d’enfance, d’attachement, de grandir, d’ambiguïtés et solitude, car Astra grandit complètement libre , sans contrainte et sans attention, et sans adulte pour prendre soin d’elle. Comment grandit-on dans ce contexte ? Comment se construit-on ? Passer par le regard des autres donne une sensibilité toute particulière à ce personnage mystérieux.

Je vous recommande Astra de Cedar Bowers si vous aimez la nature sauvage, le Canada, les romans avec plusieurs points de vue, et les héroïnes difficiles à cerner.

Livre chroniqué : Astra, Cedar Bowers, éditions Gallmeister, 2023

Musique du générique :

Credits: Not The King – Ice Tea – Royalty Free Vlog Music — Music By Not The King

Musique d’ambiance pour la lecture :

Titre: Raspberry Vine de Plum Green

https://ziklibrenbib.fr/chronique/2021/12/somnambulistic/

Dispo ici : https://www.youtube.com/watch?v=NxiBd3g43xw&list=PLs0z1KfF9fYQ5f6tq7UV5jbm5WbWQv9v0&index=11

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Episode 57 – Se lancer sur les pas de familles déportées pendant la Shoah, avec “Le bureau d’éclaircissement des destins” de Gaëlle Nohant

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Aujourd’hui, le livre qu’on croque, c’est le Bureau d’éclaircissement des destins, un roman de Gaëlle Nohant.

Irène, une femme française qui vit en Allemagne depuis quelques années, divorcée, a un travail un peu atypique : elle travaille à Archives Arolsen, anciennement l’International Tracing Service, le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. En 2016, l’objectif d’Irène est de trouver les propriétaires ou la famille de victimes de camps de concentration, le tout à partir d’un objet, même le plus insignifiant aux premiers abords. Il s’agit d’un travail dévorant, obsédant, où elle se lance à corps perdu et où elle croise les fantômes de Wita, une jeune polonaise, Lazar qui a changé de nom, et, plus proche d’elle, son amie et collègue décédée, Eva. Un livre historique richement documenté, passionnant, regorgeant d’anecdotes glaçantes et de moments d’humanité, posant la question de « comment ne pas oublier l’horreur ? ». Ce roman parle d’antisémitisme, de nazisme, d’archives et de relations humaines, mais aussi de transmission et de deuil intergénérationnel.

Ce roman, en fait, il foisonne, il parle de tant de choses liées à la guerre et aux génocides sous le régime nazi, il bourdonne d’informations et de vies qui palpitent entre les pages. Je me suis vite attachée à Irène, qui a l’impression d’être responsable de son divorce, et qui cherche de manière obsessionnelle les héritiers et héritières des personnes déportées. Quitte à disparaître sous ce travail de quête et ne pas se demander pourquoi elle est arrivée là. Car après tout, dans ce travail particulier, en lien avec la mémoire, il y a toujours une réponse à une question intime qu’on cherche.

C’est un roman touchant, essentiel, qui montre à quoi servent les archives et surtout celles de cette période : à montrer que ces personnes ont existé, qu’elles ont subi des choses terrifiantes, inimaginables. On découvre ce centre rempli de plus de 30 millions de documents, destinés à rétablir une justice pour les victimes ou leur famille. Les enquêtes d’Irène, entre archives et investigations, se mêlent habilement et le roman est très prenant, les personnages marquants. C’est l’équilibre parfait entre le romanesque et l’historique, sans atténuer ou dénaturer le thème de la Shoah, le roman le met en valeur. Histoires de vies personnelles se mêlent à l’Histoire avec un grand H avec beaucoup de tact et de délicatesse, sans enlever de leurs difficultés et de l’horreur. Même si la Shoah était marquée par le fait de vouloir effacer les individus, supprimer les traces de leur passage sur Terre totalement, ce type de roman montre à quel point les archives et les témoignages sont essentiels pour garder un lien et une mémoire vive de cette période historique.

Ca fait deux fois que je lis un livre sur le thème de la Shoah cette année, et j’ai trouvé que c’était à chaque fois un un très beau roman. Il a fait écho, dans un tout autre style et un ton entièrement différent, avec Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon. Je vous recommande chaudement Le bureau d’éclaircissement des destins si vous voulez découvrir Irène et les vies incroyables et tragiques des personnes qu’elle recherche.

Livre chroniqué : Le bureau d’éclaircissement des destins, Gaêlle Nohant, éditions Grasset, 2023

Conseil lecture : Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon

Musique du générique :

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Musique d’ambiance pour la lecture :

Titre: heklAa – Vik, dispo ici : https://blackhill1.bandcamp.com/album/rivers-shores

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Episode 56 – Etre une prodige aux échecs avec Le Jeu de la dame de Walter Trevis

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Aujourd’hui, le livre qu’on croque, c’est Le jeu de la dame de Walter Trevis. C’est le livre qui a été à l’origine de l’adaptation en série The Queen’s Gambit sur Netflix !

C’est l’histoire de Beth Harmon, orpheline étasunienne renfermée sur elle même, qui se découvre un talent et une passion pour les échecs. Elle est brillante et va monter les échelles des concours d’échec nationaux et internationaux. Mais tout ne se joue pas sur un plateau de 64 cases noires et blancs : derrière le jeu, se cachent des intrigues politiques notamment entre les USA et l’URSS, et beaucoup de misogynie. Beth devra affronter ses propres démons et des adversaires redoutables pour être à la hauteur.

C’est simple : j’ai eu du mal à reposer le livre. Il était écrit d’une manière très fluide, addictive, j’avais toujours envie de connaître la suite. Je me suis intéressée aux échecs, aux techniques qu’apprend Beth et je me suis même mise à apprendre le jeu suite à cette lecture. Elle m’a vraiment happé ! Le personnage de Beth est plein de failles et de lumières, un portrait subtil d’une femme géniale dans un milieu qui a du mal à lui faire une place. J’ai aussi appris des choses sur les orphelinats aux USA en 1950/60 : on donnait aux enfants des cachets pour les rendre plus dociles. Et lorsque cette pratique a été condamnée, les enfants se sont retrouvés subitement en pleine désintoxication contre leur gré ! Une enfant passionnée, baladée de l’orphelinat à une famille en toc, ce sont les échecs qui sont toujours sa bouée de sauvetage … ainsi que des addictions diverses et variées. Beth est butée, obstinée, mauvaise perdante, elle veut gagner, elle sait qu’elle est brillante et elle veut le montrer aux autres. Et on s’attache beaucoup à cette femme qui semble parfois distante, souvent peu sensible et seule, parce qu’on la suit depuis ses huit ans et ses premiers pas vers un jeu qui révèle son talent.

Je vous conseille ce roman si vous avez aimé la série, si vous cherchez une lecture facile et addictive, et si vous n’avez pas peur de vous retrouver happé par les échecs. A vos risques et périls !

Livre chroniqué : Le jeu de la dame de Walter Trevis, éditions Gallmeister 2021

Une chronique qui dit que ce roman « se lit comme un thriller » ! : https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/roman/le-jeu-de-la-dame-le-roman-de-walter-tevis-qui-a-inspire-la-serie-a-succes-se-lit-comme-un-thriller_4639693.html

Musique du générique :

Credits: Not The King – Ice Tea – Royalty Free Vlog Music — Music By Not The King

Musique d’ambiance pour la lecture :

Tajemství · Alen · Alena Karkošková · Alena Karkošková · Martin E. Kyšperský

Alen

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Episode 54 – Spécial Halloween – Aude nous parle d’horreur avec un manga, un comics et un roman jeunesse

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Un épisode spécial Halloween !

Aujourd’hui, Aude, mon invitée, croque des livres sur le thème de l’horreur.

(!)

Attention à ne pas mettre ces oeuvres entre toutes les mains, certaines scènes sont graphiques/violentes/effrayante

(!)

Livre chroniqués :

Voici les oeuvres qu’Aude a présenté dans cet épisode :

– Pour les pré-ado/enfants à partir de 10 ans (selon les sensibilités)

Peggy Sue et les fantômes de Serge Brussolo, éditions PLON 2001/Pocket Jeunesse 2004

– Public averti 14+

Soichi, un manga de Junji Itô, éditions Mangestu, 2022

– Public adulte.

American Vampire, un comics de Scott Snyder (et Stephen King !), éditions Urban Comics, 2020

Musique du générique :

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Musique d’ambiance pour la lecture :

* Musique proposée par La Musique Libre

Par Myuu :  https://soundcloud.com/myuu

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Et des sons proposés par https://lasonotheque.org/search?q=halloween, merci !

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Vous pouvez envoyer un message à Aude par mon intermédiaire bien sûr 🙂

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Episode 49 – Nager entre femmes dans un lac au Canada avec Le lac magique de Yaël Cojot-Goldberg

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Aujourd’hui, le livre qu’on croque, c’est Le lac magique, un récit de Yaël Cojot-Goldberg.

Dans ce livre, l’autrice se livre sur son expérience près d’un lac au Canada où seules les femmes ont le droit d’aller ce matin. Invitée par la propriétaire de la maison qu’elle loue avec sa famille, elle se met donc à participer à ce rituel dans un groupe de femmes… et à oser et affronter ses appréhensions.

C’est un récit touchant, qui parle de plusieurs sujets : la famille y a une place centrale – elle évoque notamment ses parents et sa mère particulièrement, son rapport à ses enfants -, ainsi que la judéité et le poids d’un traumatisme passé d’une génération à une autre, son rapport à la féminité, ses crises d’angoisse… C’est une véritable ode à la liberté et à la nage aussi, ce qui, vous devez le savoir maintenant, ne m’a pas laissé indifférente vu que j’adore nager. C’est un livre qui donne envie de se reposer en faisant la planche dans un lac isolé, et laisser le calme nous envahir.

J’ai adoré ce récit et l’écriture de Yaël Cojot-Goldberg. J’ai trouvé ce livre court, facile à lire, mais profond et sensible également. On voit progressivement la narratrice se libérer des injonctions et des contraintes qu’elle a pu se mettre à elle même, s’accepter davantage en s’intégrant à ce groupe de femmes qui se baignent nues, tout en slalomant dans sa mémoire et rencontrant des personnages féminins. Elle se décrit volontiers comme très peureuse et craintive et dans ce bout d’auto-fiction la lectrice peut voir d’où vient cette peur et comment elle peut prendre moins de place. C’est un texte qui parle aussi de la façon dont on se perçoit et dont on perçoit les autres. Ce n’est pas un voyage au Québec qui est raconté mais plutôt un voyage introspectif qui passe par la nage en non-mixité dans un lac. C’est un livre calme et sensible, qui vous donnera un espace d’air frais dans un quotidien qui peut être oppressant.

Je vous recommande Le lac magique si vous aimez nager et que l’idée d’un rituel secret entre femmes de tous les âges dans un espace naturel caché vous donne envie.

Livre chroniqué : Le lac magique, Yaël Cojot-Goldberg, Seuil, 2022

Musique du générique :

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Musique d’ambiance pour la lecture :

https://BigSoundBank.com

https://lasonotheque.org/, qui propose des sons et bruitages libres de droit, merci !

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Episode 46 – Travailler dans un centre de dépistage à la frontière italienne avec “Des vies orageuses” de Mathilde Gal et le collectif Tcholeyi

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Aujourd’hui, le livre qu’on croque, c’est Des vies orageuses, un roman écrit par Mathilde Gal et le collectif Tcholeiy aux éditions Le monde à l’envers.

L’histoire, c’est celle de deux personnes que le hasard fait se rencontrer. C’est celle de Sarah, jeune médecin qui commence un nouveau travail dans un centre de dépistage dans la région de Briançon, pas loin de la frontière avec l’Italie. Elle imagine un travail pépère qui lui permettra de faire la fête. Or, c’est étrange, beaucoup de personnes semblent donner la même adresse… Sarah se rend compte que ce travail n’est pas si plan-plan que ça, et que le centre demande bien plus de compétences humaines que prévu. C’est dans ce contexte qu’elle rencontre Idrissa, le deuxième point de vue de ce roman. Il vient de Guinée. Tout juste arrivé en France, il raconte son histoire à rebours, de la France en passant par l’Italie, la Méditerranée et la Libye. C’est un roman qui parle d’immigration bien sûr, mais aussi de relations humaines, d’injustices, de procédure Dublin, de traumatismes, de militantisme et burn-out militant, de violences sexuelles, physiques et mentales, d’exploitation de la misère humaine et d’administration obtus, entre autres. 

J’ai adoré ce roman, et je suis d’autant plus contente d’avoir eu un coup de coeur que je connais Mathilde et une des personnes du collectif Tcholeiy . Coucou à vous, Mathilde et Cécile si vous passez par là ! Et merci à Marion, du podcast la Page sensible, de m’avoir conseillé et prêté ce beau roman. D’ailleurs, si vous voulez avoir les coulisses de ce roman, je vous recommande l’épisode où Marion interviewe Mathilde qui raconte comment est né cet objet collectif. Le lien de cet épisode est : https://www.marionjoceran.fr/ecriture-collective-et-militante-sur-lexil-mathilde-gal/

Ce roman, il est poignant, il est drôle par moment, touchant souvent, il remue, il ne peut pas laisser indifférent. Les deux voix d’Idrissa et Sarah sont différentes, marquées, un homme noir immigré d’un côté et une femme blanche de l’autre, et ces deux voix racontent des histoires, pas uniquement les leurs mais celles de multiples « vies orageuses ». Le fait que ce soit beaucoup d’anecdotes réelles ou inspirées de faits réels fait froid dans le dos. Je trouve que c’est un roman essentiel, à mettre entre toutes les mains, pour voir à l’oeuvre le racisme souvent discret, fait de petites remarques, lorsqu’il est question du thème de l’immigration. C’est un livre qui permet de changer de regard sur l’immigration, l’exil et de permettre la compréhension des difficultés rencontrées par les personnes sans papier. L’angle abordé, qui commence par la santé, est super juste et donne une dimension souvent oubliée de l’exil. Le point de vue de Sarah permet à la lectrice ou au lecteur de voir l’évolution de ses idées reçues, son implication de plus en plus importante dans ces problématiques complexes, qui sont non seulement dans son domaine d’action principale, la médecine mais concernent aussi le logement, la nourriture, l’accès aux services publics etc. On ressort de cette lecture ébranlé, révolté par des histoires d’injustices et gonflé d’espoir quand même. C’est ça, la grande puissance de ce livre : de permettre de voir des facettes différentes d’une même situation, et de ne pas « juste » plomber l’ambiance, mais donner des pistes.

Je vous recommande ce livre si vous voulez partir à la rencontre de deux protagonistes différents et passionnants, lire une écriture à plusieurs mains, et chambouler vos préjugés sur la question de l’immigration et de l’accueil des migrants en France et en Europe.

Livre chroniqué : Des vies orageuses, de Mathilde Gal et le collectif Tcholeyi, aux éditions Monde à l’envers, 2023

Pour aller plus loin :

http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/des_vies_orageuses.html

https://www.marionjoceran.fr/ecriture-collective-et-militante-sur-lexil-mathilde-gal/

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Musique d’ambiance pour la lecture :Musique d’ambiance pour la lecture : Travels de Marie Wilhelmine Anders

https://ziklibrenbib.fr/chronique/2023/05/travels/

CC-BY-NC-ND 3.0

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Episode 43 – Relier des livres et mener l’enquête avec La relieuse du gué d’ Anne Delaflotte Mehdevi

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Aujourd’hui, le livre qu’on croque c’est La relieuse du gué de ANNA DELAFLOTTE MEHDEVI. Merci à Noémie @dame_oiselle.de.papier pour sa recommandation avisée et le prêt du livre !

Marguerite est une jeune relieuse qui officie dans un petit village de Dordogne. Sa vie est paisible, et elle profite d’une matinée calme et pluvieuse pour ranger son atelier. C’est à ce moment qu’un homme entre dans sa boutique avec un livre à faire relier de toute urgence. Sans donner son nom, l’homme dépose le livre et disparaît. C’est inhabituel : normalement, Marguerite ne lit pas les livres déposés par ses clients mais là, sa curiosité est piquée. S’ensuit une enquête pour découvrir « qui est cet homme » et « qu’est-ce que ce livre ? ». La relieuse sera accompagnée par les artisans de sa rue, qui lui donneront chacun un coup de main à leur manière.

J’ai trouvé ce roman calme et reposant. L’ambiance est réussie et j’ai apprécié les détails du travail de relieuse. Les personnages sont marquants, et c’est une galerie bigarrée qui se révèle progressivement au cours du roman. Marguerite est plutôt attachante dans son envie de comprendre et de rassembler les pièces du puzzle. On comprend que relieuse est une reconversion professionnelle après une vie parisienne chargée et je trouve que son envie de se faire sa place dans cette campagne, que tout se passe bien, est bien retranscrite.

Je vous le recommande si vous vous posez des questions sur le travail de relieur et si vous cherchez une enquête calme qui vous emmène dans les recoins de la Dordogne. C’est un bon roman d’été, à l’écriture douce, et il y a un deuxième tome que j’ai hâte de découvrir.

Vous avez lu ce livre ou vous avez envie de le lire ?

***

Livre chroniqué : La relieuse du gué, d’Anne Delaflotte Mehdevi, éditions Acte Sud, 2013

Musique du générique :

Credits: Not The King – Ice Tea – Royalty Free Vlog Music — Music By Not The King

Musique d’ambiance pour la lecture/ Bruitages récoltés sur

https://lasonotheque.org/detail-0229-clavier-d-ordinateur.html

https://lasonotheque.org/detail-0740-pluie-et-orage-2.html

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Episode 38 – S’intégrer à tout prix dans Pour que je m’aime encore, de Maryam Madjidi

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Aujourd’hui, le livre qu’on croque, c’est Pour que je m’aime encore, un roman autobiographique de Maryam Madjidi.

L’histoire, c’est celle d’une adolescente iranienne qui vit en France et qui a une envie, viscérale, qui constitue le fil rouge du roman : s’intégrer. Que ce soit physiquement, en correspondant aux critères de beauté, ou par les références culturelles en passant par les marques appréciées par ses camarades autour d’elle, ou encore en intégrant ce qui est considéré comme l’élite : les classes prépa. Bref, l’intégration a de multiples facettes C’est un roman construit par saynettes, qui aborde chacune un sujet, comme d’innombrables photographies d’un moment et d’une émotion. Ce livre, déjà, il est très drôle. J’ai adoré le ton de l’autrice, qui parle avec beaucoup d’autodérision et de tendresse de la catastrophe ressentie qu’est son mono-sourcil, des échecs face aux tentatives d’occidentaliser ses cheveux, et autres épisodes savoureux. J’ai franchement ri face au franc parler de la narratrice, avec son langage adolescent et ce qui est vécu comme des catastrophes insurmontables sur le moment. Ce portrait d’adolescente qui a soif de vivre est dressé avec humour et aussi beaucoup de tendresse et ça m’a plu.
Sous ces piques envers l’ado, il y a aussi ses déceptions et ses espoirs. C’est ce qui m’a touché.

Maryam Madjidi conjugue à cette fresque, une critique acide et acerbe de l’Education nationale et du fameux ascenceur social en France. En parlant des ZEP, des professeurs haut en couleur, des quotas mais aussi de la difficulté à s’intégrer parmi “l’élite” de l’hypokhâge au lycée Fénélon à Paris, elle aborde avec pudeur les espoirs déçus d’une adolescente pour qui traverser le périph était synonyme de normalité. La narratrice ne donne pas de leçon. Elle dit seulement ce qui se passe.

Si je vous recommande ce livre pour sa plume fluide et les atermoiements comiques d’adolescente (parce que c’est ce qui moi m’a touché et m’a marqué), sachez qu’il est plus profond que ça ! Je vous recommande ce roman si vous aimez les narratrices adolescentes drôles et attachantes, et si vous voulez un livre à la fois bien écrit et découvrir un récit d’apprentissage, qui raconte la scolarité, les initiations culturelles, amoureuses, sexuelles d’une ado qui vit à Drancy et rêve de s’évader.

Livre chroniqué :

Pour que je m’aime encore, de Maryam Madjidi, Points, 2022

Musique du générique :

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Musique d’ambiance : Pas libre de droit cette fois-ci !

Céline Dion, Pour que tu m’aimes encore

(parce que c’était trop drôle comme scène pour ne pas la mettre !)

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Episode 37 – Christian nous présente un amoureux des livres qui pourtant les détruit avec Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent

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Aujourd’hui, le livre qu’on croque,… on le croque avec Christian, mon premier invité, qui vous présente Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent. L’exercice n’est pas évident ! Merci à lui pour cette chronique.

Si vous avez été intrigué par la présentation mystérieuse de mon invité sur Le liseur du 6h27, n’hésitez plus !

C’est une histoire de livres et de RER, une histoire d’amour, enquête pleine de suspens, avec ses personnages haut en couleur qui gravitent autour d’un protagoniste attachant et plein de contradiction car il adore les livres mais a pour travail de les détruire, car il travaille au pillon ! Le jour où il découvre une clé USB contenant les textes d’une inconnue, sa vie change du tout au tout : il se met à chercher sa propriétaire, dont il tombe progressivement amoureux à travers ses mots.

Peut-on avoir l’impression de connaître quelqu’un grâce à ses textes ? Et tomber amoureux ?

Un joli livre, poétique et prenant.

J’avais beaucoup aimé ma lecture, et Christian aussi ! Un conseil de lecture pour accompagner vos trajets quotidiens !

***

Vous avez lu Le liseur du 6h27 ? Vous avez aimé ? Vous voulez donner votre avis ou être invité, vous aussi, sur le podcast ? Ou encore complimenter Christian pour sa première chronique sur le podcast ? J’ai hâte de vous écouter parler de vos coups de coeur !

Livre chroniqué

Le livreur du 6h27, Jean-Paul Didierlaurent, Gallimard/Folio, 2015

Musique du générique :

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Musique d’ambiance :

https://lasonotheque.org/detail-0090-metropolitain-paris.html

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